Quelque 400 diplomates russes ont été expulsés de 28 pays en un mois et demi

Ils veulent forcer Moscou à se soumettre au régime mondial de l’Occident : Chancelier Lavrov

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▲ Les pompiers combattent un incendie dans une maison qui a été la cible d’une attaque des forces russes dans la ville ukrainienne de Kharkiv. Hier Ramzan Kadyrov, le leader tchétchène, a publié une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il assure que va lancer une offensive complète, pas seulement contre Mariupol . Par ailleurs, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réitéré que l’opération militaire doit mettre un terme à l’expansion de l’OTAN vers l’est.Photo Ap

Juan Pablo Duch

Journal La Jornada
Mardi Avril 40, p. 21

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a un mois et demi, un peu moins de 45 diplomates russes ont été expulsés de 28, des données qui mettent en évidence la grave détérioration des relations de Moscou avec Washington, ce dernier secondé par Bruxelles et d’autres capitales liées.

La Pologne a expulsé 45 des diplomates russes, l’Allemagne 40 , Slovénie à 25, France à 28, Italie vers 25, Espagne vers 24, la Belgique vers 21 et de là vers le Luxembourg, quelques autres, un peu moins, mais tout autour ont déclaré les responsables de l’ambassade de Russie persona non grata.

Selon le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, l’expulsion des diplomates est une mesure extrême, qui ferme toutes les portes au maintien des relations diplomatiques, mais c’est quelque chose que, dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas être la meilleure solution pour tout le monde.

C’est un avertissement à part entière que si les expulsions se poursuivent, toute possibilité de résoudre les différends par la négociation sera caduque.

Dans ce contexte, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, accordant hier une interview à la chaîne de télévision Rossiya-21, a accusé les États-Unis de vouloir transformer l’Ukraine en plate-forme pour contenir et subjuguer la Russie.

« Il s’agit – a souligné le chef de la diplomatie russe – d’une politique qui reflète l’amertume et dans une certaine mesure, la colère, et qui n’a pas seulement à voir avec l’Ukraine, mais avec le fait qu’ils voulaient faire de ce pays une tête de pont écraser définitivement la Russie et la forcer à se soumettre au système mondial créé par l’Occident ».

Il a ajouté : En raison de son histoire, de ses traditions, la Russie est l’un des rares pays qui n’acceptera jamais d’être dans une position subordonnée. Nous ne pouvons être membres de la communauté internationale que dans des conditions égales de sécurité indivisible.

C’est pourquoi, dit Lavrov, notre opération militaire spéciale doit mettre un terme à l’expansion irréversible (de l’OTAN vers l’est) et à la politique qui cherche à se soumettre à la volonté des États-Unis tous les pays occidentaux.

Le ministre russe des Affaires étrangères a reproché au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, d’avoir déclaré que cette guerre se gagnera sur le champ de bataille , propos qu’il a prononcés après son récent voyage à Kiev, où il a annoncé de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine.

Lorsque la personne responsable de la mise en œuvre de la politique étrangère d’un pays, ou d’une organisation, comme dans ce cas Josep Borrell, dit qu’un conflit spécifique ne peut être résolu que par des moyens militaires, il s’agit d’un cumul réaction personnelle, ou un lapsus, ou qui a fait du domaine public quelque chose que personne ne lui a confié pour affirmer, a souligné Lavrov.

Il a qualifié de une déclaration sans précédent , ce qui a été dit par son collègue européen dans un contexte agressif et sans précédent, qui change les règles du jeu parce que l’Union européenne, jusqu’à présent, n’a pas adopté un comportement plus typique d’une organisation militaire.

Pendant ce temps, Ramzan Kadyrov, le leader controversé de la Tchétchénie, a publié hier une vidéo sur Telegram se demandant si la décision d’arrêter l’offensive contre Kiev était une démonstration de bonne volonté de la Russie pour faciliter les négociations, d’ailleurs suspendues.

Selon Kadyrov, dans des déclarations qui doivent être comprises à titre personnel, va lancer une offensive en profondeur non seulement contre Marioupol, mais contre tout Donietsk et Lougansk. Nous allons d’abord les libérer. C’est la mission que nous a confiée notre bien-aimé président Vladimir Poutine. Et puis nous prendrons Kiev et les autres villes.

L’objectif, a souligné Kadyrov, « n’est pas les villes ukrainiennes, mais d’en finir avec les partisans de Bandera (Stepan Bandera, un leader nationaliste qui a collaboré avec l’Allemagne hitlérienne pendant la Seconde Guerre mondiale), avec les néo-nazis et autres démons… « 

Qu’on sache que personne n’a confié à Kadyrov le soin de s’ériger en porte-parole de la Russie et que personne ne l’a désavoué non plus. Si cette vidéo circule sur les réseaux sociaux russes, ce ne peut être que pour deux raisons : enregistrer le malaise des secteurs radicaux qui s’opposent à une solution négociée avec l’Ukraine, dirigée par Kadyrov, ou se faire valoir en interprétant ce que son grand protecteur, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine.

Ces deux possibilités ne contribuent pas à la recherche d’un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, alors que la population civile, sans défense contre la barbarie, continue de payer les victimes de cette guerre.

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